La vision par ordinateur est un domaine stratégique, du fait du nombre potentiel d'applications avec un impact important sur la société. Ce secteur a rapidement progressé au cours de ces dernières années, notamment grâce aux avancées en intelligence artificielle et plus particulièrement l'avènement de l'apprentissage profond. Cependant, ces méthodes présentent deux défauts majeurs face au cerveau biologique : ils sont extrêmement énergivores et requièrent de gigantesques bases d'apprentissage étiquetées. Les réseaux de neurones à impulsions sont des modèles alternatifs qui permettent de répondre à la problématique de la consommation énergétique. Ces modèles ont la propriété de pouvoir être implémentés de manière très efficace sur du matériel, afin de créer des architectures très basse consommation. En contrepartie, ces modèles imposent certaines contraintes, comme l'utilisation uniquement de mémoire et de calcul locaux. Cette limitation empêche l'utilisation de méthodes d'apprentissage traditionnelles, telles que la rétro-propagation du gradient. La STDP est une règle d'apprentissage, observée dans la biologie, qui peut être utilisée dans les réseaux de neurones à impulsions. Cette règle renforce les synapses où des corrélations locales entre les temps d'impulsions sont détectées, et affaiblit les autres synapses. La nature locale et non-supervisée permet à la fois de respecter les contraintes des architectures neuromorphiques, et donc d'être implémentable de manière efficace, mais permet également de répondre aux problématiques d'étiquetage des bases d'apprentissage. Cependant, les réseaux de neurones à impulsions entraînés grâce à la STDP souffrent pour le moment de performances inférieures aux méthodes d'apprentissage profond. La littérature entourant la STDP utilise très majoritairement des données simples mais le comportement de cette règle n'a été que très peu étudié sur des données plus complexes, tel que sur des bases avec une variété d'images importante. L'objectif de ce manuscrit est d'étudier le comportement des modèles impulsionnels, entraîné via la STDP, sur des tâches de classification d'images. Le but principal est d'améliorer les performances de ces modèles, tout en respectant un maximum les contraintes imposées par les architectures neuromorphiques. Une première partie des contributions proposées dans ce manuscrit s'intéresse à la simulation logicielle des réseaux de neurones impulsionnels. L'implémentation matérielle étant un processus long et coûteux, l'utilisation de simulation est une bonne alternative pour étudier plus rapidement le comportement des différents modèles. La suite des contributions s'intéresse à la mise en place de réseaux impulsionnels multi-couches. Les réseaux composés d'un empilement de couches, tel que les méthodes d'apprentissage profond, permettent de traiter des données beaucoup plus complexes. Un des chapitres s'articule autour de la problématique de perte de fréquence observée dans les réseaux de neurones à impulsions. Ce problème empêche l'empilement de plusieurs couches de neurones impulsionnels. Une autre partie des contributions se concentre sur l'étude du comportement de la STDP sur des jeux de données plus complexes, tels que les images naturelles en couleur. Plusieurs mesures sont utilisées, telle que la cohérence des filtres ou la dispersion des activations, afin de mieux comprendre les raisons de l'écart de performances entre la STDP et les méthodes plus traditionnelles. Finalement, la réalisation de réseaux multi-couches est décrite dans la dernière partie des contributions. Pour ce faire, un nouveau mécanisme d'adaptation des seuils est introduit ainsi qu'un protocole permettant l'apprentissage multi-couches. Il est notamment démontré que de tels réseaux parviennent à améliorer l'état de l'art autour de la STDP.
M. Pierre BOULET Université de Lille Directeur de thèse M. Timothée MASQUELIER Centre de Recherche Cerveau et Cognition (CERCO) Rapporteur M. Benoît MIRAMOND Laboratoire d’Electronique, Antennes et Télécommunications (LEAT) Rapporteur M. Pierre TIRILLY Université de Lille Co-directeur de thèse Mme Nathalie HAESE ROLLAND Université de Lille Examinateur M. Sander BOHTE Universiteit van Amsterdam Examinateur