Bio

La démarche artistique de Sébastien Lacomblez repose sur un postulat philosophique essentiel : l’homme est un animal culturellement conditionné, qui tente sans cesse de dépasser sa condition en essayant de dominer la nature. Tout le travail de l’artiste consiste ainsi à venir brouiller la frontière entre naturel et artificiel afin de souligner le caractère arbitraire de notre jugement et de nos perceptions.

Sébastien Lacomblez fait de l’hybridité sont mot d’ordre. Depuis plusieurs années, il réalise en parallèle de sa pratique artistique des croisements entre différentes espèces de serpents. Le succès de ses expérimentations vient contredire la doctrine fixiste de Karl von Linné, célèbre botaniste viennois du 17e siècle, inventeur du système de nomenclature encore employé de nos jours, qui veut que les membres d’une même espèce puissent se reproduire entre eux, mais qu’en aucun cas ils ne puissent s’accoupler entre membres de différentes espèces. En introduisant un élément chaotique dans le système mis en place par le scientifique, l’artiste vient démontrer tout l’appareil moralisateur qui le sous-tend, de même que les limites de ce même modèle. C’est bien de l’absurdité de ces règles tacites, contre lesquelles on bute sans jamais pouvoir les repousser dont parle l’artiste à travers son œuvre.

Avec Plasticité d’un paradoxe, Sébastien Lacomblez élargit sa réflexion aux champs des arts plastiques, en introduisant l’idée de mutation à travers l’appropriation de différents médiums. L’artiste se sert de serpent cryogénisés comme source d’une représentation visuelle évocatrice de symboles universels et pourtant contradictoires. La photographie, ultime support de monstration, renvoie à l’objet sculptural formé par les reptiles entrelacés, trop fragiles pour être exposés. Ainsi, la recherche de l’artiste est traversée par l’envie de décloisonner les disciplines, qu’il s’agisse de la musique, de la performance ou de l’installation, en se joignant à d’autres créateurs.

À partir de 2013, il s’est associé à la designer Marie Artamonoff pour créer une marque de bijoux uniquement conçue à partir de squelettes d’animaux moulés. L’opposition entre mort et vivant, objets naturels et produits manufacturés instaure un trouble qui suscite à la fois le dégoût et la fascination.

Pour Sébastien Lacomblez, la technologie est davantage qu’un simple produit de la culture, qui entrerait en conflit avec la nature « primitive » de l’homme. Plutôt que de parler de rupture, l’artiste préfère au contraire envisager la révolution informatique comme la continuité d’un processus d’évolution.

par SEPTEMBRE TIBERGHIEN, octobre 2014.

le site de Sébastien Lacomblez

Références / Publications

le projet OPTIMUM PARK™, mené avec l’Entreprise d’Optimisation du Réel (EOR), un système d’exploitation dicte des instructions à des participants, qui doivent les exécuter le plus efficacement possible. Cette logique de renversement du contrôle, qui se nourrit des récits de science-fiction et d’anticipation, permet ainsi d’appréhender les réactions humaines dans un cadre expérimental.

CT_t-01 est la première œuvre d’une série de tapisseries basées sur les systèmes cellulaires automates de Conus Textiles constitué d’un algorithme sur-mesure.